Cristina Dumitru, jeune ROM et meilleure apprentie de France
Nantes, station de tramway « Egalité ». Cristina Dumitru travaille à deux pas, dans un supermarché de quartier où elle effectue un stage de CAP vente. Menue, de longs cheveux noirs et l'air intimidé, la jeune roumaine de dix-huit ans, arrivée en France en 2005 sans parler un mot de français, vient de recevoir la médaille d’or des « meilleurs apprentis de France », catégorie pressing. Sa décoration lui a été remise au Sénat le 29 mars dernier lors d’une cérémonie officielle. Ce jour-là, Cristina ne possédait pas de titre de séjour. Grâce à des soutiens associatifs et à la médiatisation de l’événement, la Préfecture lui a accordé le lendemain un récépissé de trois mois, dans l’attente d’une carte de séjour d’un an renouvelable.
Un parcours symbolique que Cristina décrit à voix lente, avec l'accent roumain mais un vocabulaire français précis. Originaire d’un petit village du sud-ouest de la Roumanie, elle a été gardée par sa grand-mère, avec son petit frère, Cosmin, pendant que ses parents partaient travailler en Serbie, puis en Italie, comme ouvriers agricoles journaliers. « Mon père connaissait un peu l’italien, et aimait l’Italie, se souvient-elle. Mes parents ont choisi d’émigrer en France pour y soigner mon frère, qui avait une maladie rare au bras. »
La famille arrive à Nantes en 2005, et loge d’abord pendant deux ans dans une caravane isolée, sans eau ni électricité. « L’attention des parents était surtout portée sur le petit frère de Cristina, se souvient Nathalie Arnold, présidente de l’association Solidaires Roms Nantes Est qui participe, chaque soir, au soutien scolaire auprès d’enfants habitant le terrain conventionné par la ville de Nantes. Cristina s’est trouvée assez seule. Sans doute a-t-elle puisé dans ces deux années difficiles une énergie farouche pour s’en sortir et apprendre ».
Un parcours symbolique que Cristina décrit à voix lente, avec l'accent roumain mais un vocabulaire français précis. Originaire d’un petit village du sud-ouest de la Roumanie, elle a été gardée par sa grand-mère, avec son petit frère, Cosmin, pendant que ses parents partaient travailler en Serbie, puis en Italie, comme ouvriers agricoles journaliers. « Mon père connaissait un peu l’italien, et aimait l’Italie, se souvient-elle. Mes parents ont choisi d’émigrer en France pour y soigner mon frère, qui avait une maladie rare au bras. »
La famille arrive à Nantes en 2005, et loge d’abord pendant deux ans dans une caravane isolée, sans eau ni électricité. « L’attention des parents était surtout portée sur le petit frère de Cristina, se souvient Nathalie Arnold, présidente de l’association Solidaires Roms Nantes Est qui participe, chaque soir, au soutien scolaire auprès d’enfants habitant le terrain conventionné par la ville de Nantes. Cristina s’est trouvée assez seule. Sans doute a-t-elle puisé dans ces deux années difficiles une énergie farouche pour s’en sortir et apprendre ».
Le petit frère guérit et l’adolescente intègre une classe spéciale, dédiée aux enfants immigrés qui ne parlent pas le français. Scolarisée ensuite au collège public, elle y bénéficie d’un soutien individuel. En 2009, la famille Dumitru obtient un logement social dans le quartier de la Bottière, proche du lycée professionnel Léonard de Vinci dans lequel Cristina s’inscrit en CAP pressing, puis en CAP vente. « J’ai vécu des expériences agréables et des expériences désagréables, décrit-elle sobrement. Je suis plus mature que les jeunes de mon âge, parce que j’ai connu des difficultés que les autres n’ont pas connu. Cela m’a fait grandir aussi dans ma tête. Je suis aussi très aidée par ma foi chrétienne sur ce chemin.»
A travers les réactions de son entourage, Cristina découvre la portée symbolique de son parcours. « J’ai été appelée hier par une journaliste roumaine, ce qui m’a beaucoup touchée ! Les familles Roms habitant sur les terrains nantais me félicitent, et les interviews me font prendre conscience d’une réalité qui me dépasse », explique-t-elle avant d'ajouter : « Je voudrais vraiment faire passer le message que tous les Roms ne font pas des bêtises. Je connais des gens qui souhaitent vraiment s’intégrer. »
Malgré tous leurs efforts, les parents de Cristina ont essuyé deux refus de demande de titre de séjour. « Alors qu’ils enchaînent des CDD de façon continue depuis trois ans », précise Nathalie Arnold. Elle rappelle que les Roumains ont un droit de libre circulation, mais sans autorisation de travailler, jusqu’en 2014. Pour le père Christophe Sauvé, vice-président de l’association nationale des gens du voyage catholique (ANGVC), qui accompagne la famille depuis plusieurs années, « la presse a mis en lumière les incohérences de notre politique d’intégration. Cristina a fourni plus d’efforts que d’autres, elle veut passer son permis pour s’inscrire dans un autre lycée, elle rêve d’ouvrir un petit commerce. Cette famille a été relogée, et il faut aller jusqu’au bout de cette politique, sinon, on crée de l’injustice. J’ai dit au Sénat combien Cristina rayonne par son sourire, malgré sa discrétion. Il est important que notre République lui donne l’égalité ! »
En fin de journée, dans le petit appartement familial où ses parents se reposent de leur journée de travail chez les maraîchers, Cristina partage un pain fabriqué maison et le remet en cadeau. La semaine prochaine, elle se rendra encore deux fois en stage dans le magasin situé près du Tramway « Egalité ». Symbole étonnant : ce commerce de proximité se situe boulevard de la Fraternité.
Passé
1993 Naissance à Bouila Mica (Roumanie)
2005 Arrivée en France
2007 Intègre avec sa famille un terrain conventionné
2009 Emménagement dans un logement social
2011 CAP pressing et lauréate des concours des meilleurs apprentis départemental, régional et national)
2005 Arrivée en France
2007 Intègre avec sa famille un terrain conventionné
2009 Emménagement dans un logement social
2011 CAP pressing et lauréate des concours des meilleurs apprentis départemental, régional et national)
Présent
29 mars 2012 Remise de la médaille d’or des « meilleurs apprentis de France »
Futur
« Passer un Bac pro vente et ouvrir un petit magasin »
Paris, 07/04/201
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